Le cabinet d'Histoire naturelle de Clément Lafaille du Muséum de La Rochelle
Plus tardif que les cabinets dits de curiosités, ce cabinet d’Histoire naturelle est un ensemble mobilier remarquable destiné dès son origine à la présentation de naturalia (objets et productions naturelles). En se spécialisant ainsi, il diffère de la représentation de l’espace-monde que tentait de reproduire le collectionneur dans son cabinet de curiosités. Le cabinet d'Histoire naturelle propose, quand à lui, une classification des spécimens en s'appuyant sur la systématique, science alors en plein développement. Il se rapproche, dans une démarche plus scientifique et cartésienne, de ce qui préfigure le muséum d’Histoire naturelle, né au XIXe siècle et tel que nous le connaissons aujourd’hui.


Ce cabinet constitue l'écrin des collections de faune et de minéraux du naturaliste Clément Lafaille (1718-1782). L'inventaire de son cabinet, effectué en 1780, fait mention d'“animaux rares ou monstrueux conservés dans l'esprit de vin”, des “pétrifications de mer et de terre”, des “dendrites”, des “crocodiles”, des “pierres-figures”, un “alphabet lapidique” ainsi que de nombreux coquillages.
Afin de présenter ses collections, Clément Lafaille commande en 1776 l'exécution de quinze armoires murales vitrées, séparées par des pilastres cannelés surmontés de chapiteaux ioniques. Ce mobilier est complété par douze tables-vitrines et des chaises Louis XV à dossier pliant. Les armoires, tables et chaises forment un ensemble visuellement cohérent grâce à leurs patines dans des tons rouge-corail (pour les éléments décoratifs) sur fond ivoire cassé.
Entre les pilastres des armoires-vitrines, quatre trophées, compositions mélangeant animaux et végétaux, soulignent l'intérêt du maître des lieux pour l'histoire naturelle.
Spécialiste de l'étude des coquilles, le naturaliste a complété cet ensemble mobilier par un imposant coquillier en acajou, bois suffisamment exotique et précieux à l'époque pour être signalé.